Pour un développement durable du secteur de la production audiovisuelle martiniquaise et une sauvegarde identitaire.
D'ici à novembre 2010, la publicité sera supprimée sur RFO Télé Martinique, en vertu d'un amendement à la loi sur l'audiovisuel de mars 2009.
La loi est déjà en vigueur sur les chaînes nationales publiques de France Télévisions depuis le 5 janvier 2009. Cette suppression s'est traduite par un arrêt de la publicité entre 20h et 6h.
RFO a obtenu un délai pour des raisons techniques et conserve la publicité le soir jusqu'à novembre 2011, date de l'extinction définitive de la télévision analogique.
En revanche, en radio, c'est-à-dire sur Radio Martinique, la loi est déjà appliquée.
Dans l'Hexagone, les recettes publicitaires des chaînes publiques sont récupérées quasiment en totalité par les chaines privées. En Martinique, la situation sera tout autre.
Vu que RFO pour des raisons de crédibilité et d'audience détient le quasi-monopole, les annonceurs n'auront aucun intérêt à diffuser sur les petites chaines privées locales (KMT, Zouk TV voire même ATV). Il n'y aura donc quasiment aucune redistribution des recettes publicitaires.
Exemple : la majeur partie des grandes enseignes présentes sur RFO ne reporteront pas leur budget sur KMT ou Zouk Télévision d'une part pour des raisons de coeur de cible et d'autre part, quel serait l'intérêt pour PSA de faire la promo de la nouvelle DS puisque sa campagne de lancement est déjà visible sur toutes les chaînes nationales, diffusées via le câble, le satellite et demain la TNT sur le sol martiniquais et qui font autant d'audience, sinon plus, que les chaînes dites locales.
De plus, les marques locales seront privées d'une part de voix non négligeable vis-à-vis des marques importées qui, elles, touchent les Dom par l'offre élargie des bouquets numériques et de la TNT à partir du 30 novembre 2010.
Exemple : Didier et Chanflor devront se contenter des 3 diffuseurs privés représentant une audience infime, alors qu'Evian, diffusé avant le 20h de TF1 et les autres chaînes nationales, touchera les Dom sans surcoût.
Ainsi, c'est tout un pan de l'économie martiniquaise qui sera frappé de plein fouet avec à la clé des pertes d'emplois considérables et la fermeture de plusieurs boites de production audiovisuelle dont l'activité principale réside dans la publicité (même si, pour des raisons de connivences avec les agences de pubs, pour l'instant une seule boîte détient le quasi-monopole des réalisations publicitaires).
Contrairement à l'Hexagone, ce sont des millions d'euros qui ne seront pas réinvestis, précisément 3 millions d'euros, qui correspondent au montant des recettes publicitaires générées par RFO Martinique.
Un manque à gagner colossal, qui, s'il était bien redistribué, permettrait de financer des projets audiovisuels et culturels d'envergure.
Aujourd'hui, nous sommes en pleine aliénation culturelle, submergés par Internet et les bouquets numériques câbles et satellites, et demain la TNT ; nous connaissons souvent mieux ce qui vient des Etats-Unis ou du Japon que ce qui vient de chez nous.
Mais difficile de réagir face à cette vague mondialiste, quand on connaît les faibles moyens de la production audiovisuelle martiniquaise, ce qui explique qu'il y ait si peu de programmes locaux.
C'est pour cela que je pense qu'il est plus qu'important de mettre en place un régime dérogatoire à la suppression de la publicité pour RFO, afin de pérenniser le développement du secteur audiovisuel martiniquais.
Propositions
- Conserver la publicité sur RFO Martinique est vital :
Les recettes publicitaires générées par RFO seront reversées dans une caisse à destination des projets audiovisuels et culturels (sit-coms, reportages d'investigation, émissions sportives, sociales, musicales et culturelles) proposés par les structures de production locales à destination de toutes les chaînes de télévisions régionales (RFO et les autres) selon des critères équitables.
Ainsi on sera enfin en mesure de produire, sur du long terme, des programmes d'envergure, représentatifs de l'identité martiniquaise.
Avec un tel projet, la production audiovisuelle pourra créer au minimum 200 emplois, directs et pérennisés, que ce soit des professionnels de l'audiovisuel (techniciens, journalistes, comédiens, réalisateurs, scriptes, etc.), mais aussi des actifs d'autres secteurs (ouvriers, et artisans etc.).
Monsieur le Président, vous qui avez pour ambition de créer 5 000 emplois, et ensemble, je pense que c'est plus que réalisable, il n'en manquera plus que 4800. (lol).
Le but étant, bien sûr à terme, de freiner l'aliénation culturelle. Car aujourd'hui, les recettes publicitaires de RFO repartent pour plus de 95% directement dans les caisses de France Télévision. Mais pas un seul euro n'est réinvesti dans la production locale .
Cette manne financière permettra d'investir également dans l'organisation de spectacles vivants, festivals, manifestations culturelles et sportives : événements pour lesquels les chaînes de télévision pourront être partenaires et assurer une diffusion sur le petit écran.
- Surtaxer toutes les nouvelles chaînes du bouquet TNT qui arriveront en Martinique, tout comme le prévoit la loi pour les chaînes privées de l'Hexagone qui ont des recettes publicitaires supérieures à 11 millions d'euros. La taxe est modulable et varie entre 1.5 et 3%. Il s'agit là de propositions qui, à mon avis, sont capitales dans l'intérêt économique et la sauvegarde d'une identité culturelle martiniquaise face au rouleau compresseur de la mondialisation et aux décisions gouvernementales qui ne tiennent souvent pas compte des spécificités insulaires.
Joslyn Vautor