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ActuMédias Outre-Mer

ActuMédias Outre-Mer traite de l'actualité ultramarine des télécoms, des médias audiovisuels et du numérique.

Le « Haut Débit » : comment la Région jette l’argent des martiniquais par la fenêtre

Publié le 13 Mars 2010 par GdX in Internet

Le président sortant présente le « Haut Débit », réalisé dit-il à 60%, comme l’un des grands succès de son bilan.

 

Les données d’un dossier technique complexe a ne pas politiser

 

L’accès aux technologies d’information et communication est un élément décisif en matière de compétitivité des entreprises et des administrations, d’attractivité du territoire et de modernisation de la société. Pour la Martinique, au cours de ces dernières années, la question qui se posait était comment faire en sorte que l’île dispose rapidement d’une couverture complète, de manière non seulement à permettre une connexion permanente et illimitée en « haut débit » à un prix raisonnable pour les particuliers, mais aussi à assurer un accès au « haut » et « très haut débit » permettant de développer des services nouveaux, aux entreprises et administrations. En d’autre terme, il s’agissait pour la Martinique de passer à un réseau de chemins vicinaux où l’information circule à la vitesse du vélo, et à un réseau d’autoroutes de l’information, où celle-ci circule à la vitesse de la formule-I. Les conditions techniques pour y parvenir étaient qu’elle puisse disposer, au plan externe, d’un accès large aux réseaux mondiaux, et au plan interne, d’une couverture réseau à 100% de son territoire.

Au plan externe, dès 2006, Victorin Lurel, le président du Conseil Régional de la Guadeloupe, a engagé une démarche visant à amené le câble de Porto Rico à la Guadeloupe. Pour cela, il mobilisa aussi bien des fonds propres à la Région Guadeloupe que des fonds européens. Dans la mesure où ce câble va toucher toutes les îles de la Caraïbe orientale jusqu’aux Guyanes, ce projet offrait l’occasion d’une mutualisation des charges financières avec la Martinique et les autres îles de l’arc antillais. Le président Lurel contacta le président de la région-Martinique, pour lui proposer une démarche commune. Ce dernier commença par exprimer ses réticences à participer à un projet dont il n’était pas l’initiateur. Lorsqu’il finit par accepter, il avait fait perdre à la Martinique plus d’une année pour la pose de ce nouveau câble et l’accès aux services qu’il offre.

Au plan interne, France Télécom, l’opérateur historique, disposait déjà d’un réseau « très haut débit » assurant largement la couverture du territoire martiniquais. Ce réseau dans, un cadre juridique clair et des procédures éprouvées de dégroupage, permettait à tous les concurrents de fournir du haut débit à leurs clients. Il offrait de la disponibilité pour accueillir toute nouvelle initiative. France Télécom avait d’ailleurs proposé dès 2004 à la Région Martinique un projet dit « Département Innovant », qui visait à couvrir la totalité de la population. Ce projet était non seulement à un coût nul pour la collectivité, puisque France Télécom prenait tous les investissements en charge, mais de plus, il bénéficiait d’un cadre juridique claire, assuré par « l’Autorité de Régulation des Communication Electroniques et des Postes (ARCEP) ». La mission de cet organisme est, notamment, de veiller au développement de la concurrence. C’est l’ARCEP qui a validé ce même projet au niveau national, projet auquel ont souscrit 77 départements de l’hexagone, depuis 2005.

Au niveau local, selon la Charte rédigée à cet effet, la présidence du Comité de pilotage du déploiement du projet revenait de droit à la Région. Un tel projet aurait donc permis d’assurer immédiatement une couverture à 100% du territoire Martiniquais et de fournir un cadre juridique clair aux opérateurs tiers, tels que Outremer Télécom, Mediaserv, etc... pour l’utilisation du réseau. L’intervention de la Région dans ce dossier pouvait se limiter à participer aux décisions cruciales concernant la définition des zones à couvrir en priorité.

 

Cab Chaben maré chaben

 

Mais cette solution ne satisfaisait pas du président sortant. De manière à pouvoir prétendre que c’est lui qui a apporté le haut débit à la Martinique et en tirer un bénéfice politique, il a préférer construire son propre réseau câbles « haut débit » en passant un contrat de Délégation de Service Public (DSP) avec la Société Médiaserv, du groupe LORET de la Guadeloupe. Pour ce faire, laissant de côté deux sociétés martiniquaises compétentes dans ce domaine, il fit appel à la société « Streamwide », une entreprise parisienne, pour la préparation de l’appel d’offres. De même, pour assurer l’accompagnement juridique du marché, c’est un cabinet extérieur qu’il retint, le cabinet Bird & Bird, ceci alors qu’il existe en Martinique des gens compétents dans ce domaine.

 L’appel d’offres conçu par Streamwide prévoyait un montant total de 24 millions d’euros. Mais l’offre déposée par le consortium retenu pour le marché, Médiaserv/SOGETREL/LDC, s’élevait à 37 millions d’euros, et ce n’est qu’à la suite de négociations qu’elle a été ramenée à 24 millions d’euros. Il semble qu’en réalité, par méconnaissance des conditions réelles de pose du câble en Martinique, notamment pour ce qui concerne le Génie Civil, la société extérieure qui a préparé l’appel d’offres, avait grossièrement sous-estimé les coûts réels du marché.

Le projet rendu par les consultants a consisté à proposer que le nouveau réseau soit posé sur un itinéraire identique à celui de France Télécom. Cette juxtaposition comportait deux inconvénients : d’une part elle n’a fait que doublonner le réseau existant, sans apporter d’avantages supplémentaires, sans compléter la couverture des petits espaces appelés « zones d’ombres » non encore couverts par le réseau de France Télécom. D’autre part, lors de la pose de ces nouveaux câbles, des dégâts ont été provoqués sur les câbles existants de France Télécom, ce qui a été à l’origine d’un important accroissement du coût et de retards dans l’exécution des travaux. De plus, le groupe LORET qui a connu des difficultés financières, a du arrêter les travaux à plusieurs reprises. Il semble bien que finalement, le coût du projet sera plus proche de 30 à 35 millions d’euros que du coût négocié et que le Région sera obligé de dépasser très largement l’enveloppe prévue.

Ayant fait le constat des retards considérables et des malfaçons qui affectent les travaux et se rendant compte qu’il ne lui sera pas possible de présenter cette opération à l’actif de son bilan de mandature, le président sortant a décidé d’instruire « sans délai » un audit financier, juridique et technique sur cette DSP.

 

Un gâchis du à l’ignorance, l’incohérence et l’irresponsabilité

 

Mais après deux ans de retard et plusieurs dizaines de millions d’euros, on est amené à faire un certains nombre de remarques concernant cette DSP dont l’objectif à l’origine était d’assurer une couverture à 100% du territoire et d’abaisser le coût d’accès au haut débit.

 

1) la question de la couverture du territoire n’a pas été résolue, puisque le nouveau réseau ne fait que doublonner le précédent. Ceci alors qu’il était possible de compléter la couverture beaucoup plus rapidement, à un coût proche de zéro et dans des conditions juridiquement sécurisées, par le biais d’une coopération avec l’opérateur historique. Les familles vivant dans les hauteurs du Lamentin, de Rivière Salée ou Fonds St Denis, par exemple, sont toujours dépourvues de haut débit.

 

2) Le prix du service pour les particuliers n’a pas baissé alors que c’était l’un des enjeux principaux de cette DSP. De nouvelles offres, comme le « triple play (TV HD, Internet, Téléphone), reste à l’état embryonnaire aux Antilles. Aujourd’hui nos enfants étudiants qui nous appellent gratuitement depuis la Métropole grâce à Free mais nous ne pouvons en faire de même.

 

3) La Martinique dispose de 3 câbles sous utilisées pour écouler son trafic internet. Il n’y a aucun projet global permettant une valorisation de ces infrastructures. Il n’y a pas, non plus, de mise en place d’une vraie économie numérique pensée en amont  (Zones d’activité TIC, centre d’appels internationaux, etc.) alors que des entreprises martiniquaises exportent déjà leur savoir faire TIC dans une compétition mondiale

 

4) La région a fait preuve d’une ignorance insigne des aspects techniques de la couverture haut- débit en décidant de procéder à la pose à grand frais d’un nouveau réseau de câbles. Il suffisait de compléter la couverture existante en en contrôlant l’extension et les conditions d’exploitation.

 

Source : ensemblepourunemartiniquenouvelle



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