La réunion du comité d’entreprise n’a pu se tenir, certains syndicalistes jugeant sa convocation illégale. L’exposé des motifs du “plan de sauvegarde pour l’emploi de TNTV” (Tahiti Nui Télévision) fait état du licenciement d’un tiers des effectifs “au minimum”. Le document précise que les subventions accordées à la chaîne seront revues à la baisse.
La réunion du comité d’entreprise, censée aborder les grandes lignes de la restructuration annoncée au sein de TNTV, a fait long feu. Vingt minutes après l’entame de la table ronde, certains syndicalistes ont estimé que la convocation de celle-ci par la direction ne s’était pas faite dans les règles. Selon ces représentants de salariés, la réunion aurait dû se tenir trois jours francs à compter de l’envoi de la convocation. Cette dernière ayant été adressée mardi matin (et mercredi étant un jour férié), ils ont jugé que les actes qui pourraient être pris seraient, quoi qu’il arrive, illégaux. Le directeur général de la chaîne, Yves Haupert, a alors quitté la salle pour contacter l’inspection du travail, selon l’un des participants, mais ne le voyant pas revenir, les délégués du personnel ont décidé de lever le camp.
Si la réunion n’a pu se tenir, “l’exposé des motifs” du “plan de sauvegarde pour l’emploi de TNTV” distribué aux membres de CE et queLa Dépêche de Tahiti a pu se procurer, lève toutefois un coin du voile sur le plan social qui se profile. Il est ainsi stipulé dans le document que la restructuration de la chaîne “affectera au minimum entre 30 et 35 salariés” (sur 82), et que celle-ci devra se dérouler “dans les meilleurs délais”. 200 millions Fcfp ont d’ailleurs été votés au collectif budgétaire, le mois dernier, pour permettre à la chaîne de mener à bien cette restructuration validée en conseil des ministres le 7 avril dernier, puis par le conseil d’administration de TNTV le 11 juin. Si l’assainissement des finances de la chaîne passe par le licenciement de plus d’un tiers de son personnel, c’est que le budget de fonctionnement de TNTV “est constitué pour l’essentiel de charges fixes”, notamment de la “masse salariale”. Pour cette raison, TNTV “ne dispose pas de marges suffisantes pour trouver dans ses coûts hors salaire les économies suffisantes pour compenser la diminution annoncée de la subvention versée par son propriétaire de l’ordre de 25%”.
Les subventions amputées
Car, ce “plan de relance”, qui répond “aux recommandations de la chambre territoriale des comptes”, prévoit en effet “un moratoire des dettes et un effort exceptionnel du Pays étalé sur trois annualités 2010, 2011, 2012, afin d’éviter la liquidation qui menace la société, compte tenu de la disparition de ses capitaux propres. (…) En conséquence de ses difficultés budgétaires et de ses efforts pour apurer la dette de TNTV, la Polynésie française, propriétaire et actionnaire majoritaire, impose à la SEM Tahiti Nui Télévision une réduction de sa subvention de fonctionnement de 250 Millions Fcfp, effective dès le budget 2011. Celle-ci est ramenée dès 2011 à 800 millions, auxquels s’ajoute une somme de 100 Millions Fcfp, destinée à financer le surcoût de la TNT”, peut-on encore lire dans “l’exposé des motifs”. À partir de 2013 et pour les années à venir, ladite subvention sera plafonnée à 800 millions Fcfp. À titre d’exemple, la chaîne avait perçu quelque 1,15 Milliard Fcfp d’argent public en 2009.
Pour justifier de telles mesures, Édouard Fritch expliquait dans un courrier, en date du 25 juin, adressé au directeur général de TNTV, ainsi qu’au président de son conseil d’administration, qu’au vu de la situation financière “gravement dégradée”, un“dépôt de bilan” était à craindre “si rien de sérieux n’est fait à très court terme”. Depuis 2006, TNTV a accumulé une perte globale de l’ordre de 1,6 milliard Fcfp, en raison de l’accroissement de ses charges de fonctionnement et d’une accumulation de dettes (dont une bonne partie est paradoxalement due au Pays) que la chaîne n’est pas parvenue à solder. Une nouvelle réunion devrait se tenir la semaine prochaine,même si des voix syndicales s’élèvent contre la direction de TNTV, déplorant qu’il n’y ait “plus de confiance”.
Source : ladepeche.pf