Messieurs le Préfet, le Président du Conseil Départemental et les Maires,
En cette période particulière de crise sanitaire liée à la propagation de Covid-19, l’activité des médias d’information sociale de proximité est fortement impactée, encore plus celle des radios associatives (radios A) de Mayotte. En effet depuis le 17 mars, date d’entrée en premier confinement, ces dernières, faisant partie du paysage radiophonique de l’île, ne peuvent plus assurer leur rôle de média de proximité : d’être, entre autre, au plus près des habitants en cette période de crise pour relayer les dernières informations. Mais aussi pour promouvoir les initiatives mises en place afin de soutenir les familles. Nos programmes avaient pour habitude de faire interagir notre public, d’informer et de divertir mais le confinement a contraint les animateurs bénévoles à rendre l’antenne. Bien que les stations continuent à émettre des programmes de qualité mais avec très peu de moyen.
Après plusieurs abandons par manque de soutien financier, matériel… des autorités, Mayotte comptabilise aujourd’hui seulement 26 radios, parmi elles 16 sont des structures associatives soit 61,5% des radios locales. Ces dernières émettent 24/24, 365 jours par an. Cette moindre performance est due à un véritable travail d’investissement d’un personnel bénévole qui assure au quotidien la gestion associative, la production et l’animation de l’antenne. La gestion d’une radio A, à but non lucratif, nécessite des investissements réguliers, humains, matériels… financés principalement sur les subventions publiques car les ressources publicitaires doivent être inférieures à 20% du chiffre d’affaires total. À Mayotte, les campagnes publicitaires via les radios associatives sont encore très réduites en raison d’un nombre restreint d’investisseurs, d’entreprises ou d’annonceurs demandeurs.
Les radios priorisent donc les demandes de subventions ou font appel à la finance solidaire (cotisations ou dons) pour répondre à un besoin
d’investissement ou réaliser un projet ponctuel. Des besoins, par des projets de proximité ou appels à projets, sont exprimés chaque année par nos radios associatives mais les réponses sont quasi négatives à chaque fois. Il y a de réelles volontés mais qui ne sont pas suivies par les instances à Mayotte alors qu’il y a un manque criant de moyens pour réaliser des actions de proximité que la population exprime le besoin chaque seconde. Concernant les demandes de fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité de 2020.
Nous avons remonté nos besoins auprès de la Direction des Affaires Culturelles – DAC de Mayotte en février 2020, aucun retour jusqu’aujourd’hui, aucune radio A de Mayotte n’a bénéficié de ces aides (existantes depuis 2015) alors que plusieurs sont en très grandes difficultés ou précarités, en sous équipement matériel, ne pouvant plus payer les charges courantes (électricité, eau, internet, salarié…), ne pouvant plus remplir leur mission de communication sociale de proximité engendrant une conséquence catastrophique : arrêt de diffusion des messages de proximité, de sensibilisation et prévention sanitaire, augmentation des délinquances dans les villages…
Nous regrettons que les conditions d’éligibilité à ces aides sont très restrictives, ne tenant pas compte de la spécificité locale des radios A de Mayotte. Concrètement sur les 16 radios, seulement 6 radios, soit seulement 37, 5% (alors que les radios A sont majoritaires), bénéficiaient de la subvention FSER 2020 (moins de 4000 euros) du ministère de la culture qui a fortement baissé à cause de la réduction d’activité. Alors pourquoi ces 6 radios sont inéligibles alors qu’à un moment elles vont payer par leur poche comme les 10 autres radios ? Les radios A espèrent être accompagnées et soutenues pour les aides de 2021 mais regrettent d’être informées tardivement par la DAC en date du 17 février 2021 (au lieu du 16 janvier 2021, date de publication) pour des démarches en ligne https://mesdemarches.culture.gouv.fr/ à retourner pour le 28 février 2021, c’est-à dire dans une semaine, sachant que beaucoup de radios non pas accès à internet.
Avec le développement du numérique, les radios associatives mahoraises devront converger davantage vers la digitalisation de leur outil de travail. Cette crise est une opportunité pour celles-là de repenser leurs outils et leur mode d’organisation en partenariat étroit avec des acteurs tels que la DAC. Les radios A doivent bénéficier des moyens nécessaires, notamment financiers, au développement de leur outil pour permettre leur changement d’échelle. C’est dans ce contexte que les radios associatives demandent : l’éligibilité aux différentes aides – un report de la date du 28 février 2021 en mai 2021 – la reconnaissance de notre mission comme une mission de « solidarité de proximité » – des aides financières exceptionnelles pour équiper et moderniser les stations de radio…
ABDOUL-KARIME Assani Oya - Président de la FRAM