Le public ultramarin n’a pas été entendu sur la nécessité de conserver France Ô sur la TNT, les arguments étant qu’une plateforme numérique garantirait une bonne visibilité, que les économies à réaliser ne permettaient plus d’avoir une diffusion linéaire, que l’audience était beaucoup trop confidentielle. Et voilà que Culturebox, la plateforme numérique Culture de France Télévisions qui était censée trouver son public sur le net, va avoir droit à une exposition sur le linéaire. Quel est le véritable enjeu caché derrière ce jeu de chaînes ?
France Télévisions lance Culturebox, une chaîne éphémère dédiée à la culture, au spectacle vivant et aux artistes. Une initiative que nous ne pouvons que saluer : informer divertir et cultiver, telles sont les missions du service public. Il est d’ailleurs regrettable d’avoir attendu cette pandémie pour donner une telle exposition à la culture. Nous le savons tous, le monde de la culture est en grande souffrance et de nombreux artistes et créateurs le répètent au gouvernement depuis des mois. La fermeture des salles de spectacles et autres lieux culturels a une réelle incidence sur le moral des Français assignés à résidence devant leurs écrans. Voilà donc une bonne nouvelle ! Et en même temps, force est de constater que cette « création » de chaîne pose quelques questions.
Le coût ?
A l’heure où l’arrêt de France Ô devait permettre d’économiser 4 à 5 millions d’euros en 2021, la Direction de France Télévisions annonce qu’elle va justement consacrer 5 millions d’euros à la création d’une chaîne éphémère, ceci sans rallonge de l’État.
Dans un contexte budgétaire déjà contraint, comment sera compensée cette nouvelle dépense non budgétée ? Va-t-on devoir faire des économies supplémentaires sur la masse salariale ou sur les autres programmes du Groupe ? Et quelles peuvent être les retombées concrètes d’une telle décision pour les acteurs culturels ? Ne nous voilons pas la face, aujourd’hui c’est d’argent dont ils ont besoin. Alors comment cette exposition linéaire va-t-elle permettre de soutenir les milliers d’intermittents ? Qui seront les gagnants de ces diffusions : va-ton uniquement payer des droits d’auteurs ? Va-t-on rémunérer les artistes ? Delphine Ernotte, dans l’entretien accordé au Figaro ce 22 janvier a éludé cette dernière question.
Un enjeu politique ?
Le mécontentement du monde de la culture est une épine dans le pied du gouvernement actuel.
Le Président de la République a eu beau organiser une réunion avec les acteurs culturels, leur colère pourrait ternir son mandat et ils ne se gênent pas pour la manifester. Cette chaîne éphémère pourrait-elle apaiser les tensions ?
Et les Outre-Mer ?
Est-ce à dire que la satisfaction du monde de la culture serait plus importante que celle des publics ultramarins ?
Il n’est certes pas question d’opposer les deux, d’autant que l’un n’exclut pas l’autre. Plus troublant en revanche est le fait que les choix stratégiques de France Télévisions ne répondent pas à la même logique en matière de développement de plateformes, d’exposition linéaire ou d’économies.
Les salariés de Malakoff et des Outre-Mer méritent quelques explications, et L’UNSA FTV restera plus que jamais engagée pour obtenir des réponses rationnelles.
UNSA FTV