Dans un communiqué de presse diffusé ce jour à Tahiti, le directeur du réseau Outremer 1ière, Michel Kops, annonce qu’il propose un "accès différé à l’élection de Miss France 2015" aux télévisions privées d’Outre-mer estimant en cela être "fidèle ( …) à sa volonté de développer des rapports harmonieux entre les acteurs privés et publics de la télévision outre-mer".
Ce revirement qui intervient, sans concertation préalable, à seulement 4 jours d’un événement qui est l’objet de négociations depuis 6 mois, est pour le moins surprenant. Cette opération montre le peu de cas que les dirigeants parisiens du groupe public font des réunionnais et des entreprises réunionnaises.
Car il s’agit en réalité d’une pure opération de communication qui semble avoir pour seule vocation de dédouaner le groupe France Télévisions des pratiques déloyales qui ont été nutilisées pour récupérer la diffusion de ce programme, au mépris des habitudes des téléspectateurs qui depuis 20 ans bénéficiaient de ce rendez-vous sur Antenne Réunion.
Au-delà de l’affaire Miss France, il faut savoir que, depuis plus de 2 ans, le groupe France Télévisions au travers ses filiales Outre-mer 1ière, pratique une politique de surenchère systématique auprès des partenaires historiques des télévisions locales privées, contournant ainsi l’esprit de la loi et l’esprit des missions et cahiers des charges du groupe public.
Ainsi, au lieu de se concentrer sur ses missions de service public, en particulier au niveau local, de favoriser les entreprises et le tissu économique réunionnais, d’oeuvrer pour une concurrence saine et nécessaire, le groupe France Télévisions et les Outre-mer 1ière déstabilisent le marché et entrainent une grave éviction des chaînes locales privées.
Les chaînes privées financées par des fonds privés (ne bénéficiant donc pas de la redevance) alertent de nouveau les pouvoirs publics sur les atteintes graves et répétées à la concurrence commises par le groupe France Télévision en Outre-mer notamment au regard du fait que les Outre-mer 1ière sont financées à 90% par des fonds publics et qu’elles s’appuient sur la puissance financière du groupe France Télévisions, notamment en matière d’achats de programmes.
Suite aux états généraux des Outre-mer qui se sont tenus sous l’égide du CSA en décembre 2012, le groupe public s’était engagé à mener avec Antenne Réunion et les chaînes privées d’Outre-mer des discussions sur la mise en place d’un code de bonne conduite entre les acteurs privés et publics. Force est de constater aujourd’hui que France Télévisions non seulement est fermée au dialogue mais s’arroge désormais le droit de fixer des règles de concurrence sur-mesure.
Du fait de cette situation Antenne Réunion a engagé en mai 2014 une action contre France Télévisions devant le Tribunal de Commerce de Saint-Denis et conjointement avec les autres chaînes locales a saisi le Président de la République le 1 décembre 2014.
L’ambition d’Antenne Réunion, depuis sa création, a toujours été d’apporter aux réunionnais une télévision de qualité, tout en respectant les conditions du pluralisme et d’une saine concurrence de l’audiovisuel à la Réunion.