La décision du tribunal de commerce sur le sort de la Une Guadeloupe et de ses onze salariés risque d'être de nouveau repoussée
Hier matin, le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre devait définitivement statuer sur le sort de l'A1 Guadeloupe, télévision locale à capitaux privés. Sauf qu'il faudra encore patienter, au
grand dam des salariés. La décision du tribunal a été mise en délibéré jusqu'à ce matin, mais vraisemblablement pour annoncer un report de plusieurs semaines. « Nous saurons
demain (NDLR, aujourd'hui) s'il y aura un renvoi ou non. Mais il y a 99% de chance que ce soit le cas, a priori au 12 août » , confiait Maître Sully Lacluse, avocat
du projet des salariés Karukéra télévision, à la sortie de l'audience.
Constitution de la société Karukéra télévision
Plusieurs fois repoussée, cette décision du tribunal de commerce était très attendue, surtout par les salariés, sans le sou et en grève depuis le mois de mars. Le tribunal de commerce devait se
prononcer sur l'éventuelle liquidation de la Une Guadeloupe, ou au contraire sur une reprise de la fréquence par l'un des quatre repreneurs en lice : radio mandja, radio associative implantée à
Sainte-Anne, la chaîne locale privée Canal 10, le directeur général d'ARTV, Camille Pélage (Antenne Guadeloupe SAS), et le projet des salariés, Karukéra télévision. Selon Maître Sully Lacluse
« un report est inévitable car la plupart des projets doivent être complétés. Mais aussi parce que le CSA (conseil supérieur de l'audiovisuel), saisi par le procureur, doit statuer le 6
juillet sur les possibilités de reprise ou non » .
De plus, le projet de reprise initiale des salariés a été on ne peut plus renforcé. « Auparavant, leur offre n'était pas viable. Aujourd'hui, ils arrivent avec près de 2 millions d'euros
sur la table grâce à l'appui des principaux acteurs économiques du département : plusieurs chefs d'entreprise et la collectivité régionale. Il s'agit d'un véritable projet professionnel sérieux
et fédérateur » . Le tribunal aurait d'ailleurs reproché aux salariés d'avoir fait deux offres au lieu d'une, tant la disparité entre l'offre initiale et le projet final est importante.
Mais selon l'avocat « le code de commerce permet toujours l'amélioration d'une offre. En revanche, le procureur demande aujourd'hui que la société Karukéra Télévision soit effectivement
constituée et plus seulement un simple projet. Ce qui sera fait sans aucun doute » .
Néanmoins, derrière toutes ces tractations judiciaires et ces enjeux politiques à peine voilés, il y a onze salariés, soit onze familles en souffrance. Sans salaire depuis le mois de mars et dans
l'impossibilité de travailler ailleurs - puisqu'ils ne sont pas licenciés - ils sont en quelque sorte « pris en otage » et condamnés à patienter... encore.
Source : France Antilles (Guadeloupe)