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L’ex-secrétaire du CE de
RFO, sanctionnée pour avoir confondu son chéquier avec celui du comité d’entreprise, avait fait appel de sa condamnation à dix-huit mois de prison dont huit mois ferme. Mardi matin, la cour
d’appel a confirmé point par point le jugement de première instance.
A la barre, elle a fait le minimum syndical. « Je regrette sincèrement. Je demande pardon. » En tout et pour tout, ces deux phrases ont été les seules que Suzanne Hanou a
prononcées mardi matin devant la cour d’appel. En 2001 et 2002, celle qui avait pris les rênes du CE de RFO (40 millions de budget annuel à l’époque) était allée un peu au-delà du minimum
syndical en piochant allègrement dans les caisses. D’après l’expert psychiatre qui l’avait examinée, la pratique relevait d’une « logique communautaire dévoyée, qui pourrait ce résumer à
“ce qui est à tous est à moi “ ».
Au cours de l’enquête, les policiers de la financière avaient comparé son salaire et son train de vie : le fossé était apparu. Hier, le conseiller rapporteur en a fait l’énumération. 230
soirées au Bingo en 2003, 260 l’année suivante, à raison de 10 000 francs laissés chaque soir. Plusieurs séances hebdomadaires chez la coiffeuse, chez l’esthéticienne ou — quotidiennes —
chez la masseuse. Travailler chez RFO laisse apparemment beaucoup de temps libre. Sans compter les prêts opérés sur le compte du CE ou quelques autres largesses, comme des
primes accordées aux cinq enfants qu’elle déclarait alors qu’elle n’en avait qu’un seul à charge. Pour prouver ces petites irrégularités, les enquêteurs avaient d’ailleurs dû éplucher les
comptes bancaires, puisque les livres de comptes du CE avaient purement et simplement disparu.
Une ardoise de plus de 6 millions
Bref, une gestion pour laquelle les juges s’étonnent qu’aucune poursuite interne n’ait été déclenchée. « Si RFO vous garde encore, ce doit être l’antichambre de la Papauté », s’est
même amusé l’un des conseillers. Devant l’expert-psychiatre, la prévenue s’était en outre plus « indignée de la rupture de la loi du silence » que d’avoir eu « des agissements
répréhensibles, mais qui étaient communément admis depuis toujours ». Celle qui était déléguée syndicale USTKE dans la maison avait aussi qualifié
l’affaire de « règlement de compte syndical ». Reste que l’ardoise s’élève encore à un peu plus de 6 millions.
Pour le ministère public, l’affaire illustre le poids du syndicat au sein de l’entreprise. « A cette époque, la direction de RFO se trouvait au siège de l’USTKE », ose-t-il. La preuve ?
La mise en cause conserve toujours son poste. L’avocat général Pagnon cite aussi la seule déclaration du directeur de la station de l’époque contenue dans le dossier : « j’ai honte de
cette affaire ». « C’est un peu court », estime le magistrat.
«
Faillite collective. » La défense s’est surtout attachée à alléger le poids de l’ex-secrétaire du CE dans cette gestion «
calamiteuse ». «
D’autres ont bénéficié ou ont
profité de ces largesses. Pourquoi n’ont-ils pas été poursuivis ? ». Me Maxime Guérin-Fleury ne veut pas que «
Suzanne Hanou paie pour les autres ». La cour d’appel a confirmé
le jugement de première instance. Dix-huit mois de prison dont dix avec sursis.
Source : lnc.nc