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En 2021, la vente record d'une œuvre numérique de l'artiste Beeple a propulsé l'acronyme NFT dans le champ public. En trois volets, retour sur la genèse, les crises et les espoirs engendrés par le nouveau marché de l'art digital.
Mirage de l'ultralibéralisme ou avant-garde artistique ? Depuis l'apparition des NFT (jetons non fongibles) en 2017, un écran, une connexion Internet et un portefeuille de cryptomonnaies suffisent pour acquérir une œuvre numérique unique et authentifiée grâce à la blockchain. Déposées par leurs auteurs sur une place de marché Web3 (ou Web 3.0), toutes ces créations digitales méritent-elles de trouver leur place dans l'Histoire de l'art ? Ou ne s'agit-il que d'un nouvel outil de spéculation imaginé par un capitalisme débridé ? Interrogeant artistes, collectionneurs, galeristes, historien de l'art, universitaire et juriste, cette série documentaire explore une révolution à l'avenir incertain.
Au programme :
1. Utopia
Le marché de l'art n'avait pas encore connu sa révolution numérique jusqu'à ce jour de 2017 où l'acronyme NFT (jetons non fongibles) est apparu. Grâce à cette nouvelle technologie de transactions sur Internet, Beeple – pseudonyme de l'artiste numérique Mike Winkelmann – est alors devenu le troisième artiste vivant le plus cher au monde, derrière Jeff Koons et David Hockney. Son œuvre Everydays: the First 5 000 Days, un fichier numérique assemblant dessins et animations réalisés quotidiennement durant 5 000 jours d'affilée, a été vendue par la maison d'enchères Christie's pour un peu plus de 69 millions de dollars. Moins d'intermédiaires, de barrières à l'entrée pour les collectionneurs, plus d'argent pour les artistes : les NFT promettent de métamorphoser le marché de l'art. Une utopie en marche ?
2. L'argent roi
Dans le sillage de la vente record de Beeple, une véritable frénésie des NFT s'est enclenchée. Des artistes, des collectionneurs mais aussi des spéculateurs adeptes du "flip" (achats et reventes rapides pour en tirer un bénéfice) s'engouffrent dans le nouveau marché de l'art digital, alléchés par la perspective d'argent facile. Pour répondre à la demande, les artistes multiplient les projets. Les PFP (photos de profil) font leur apparition. Produites en séries limitées et souvent conçues à l'aide d'algorithmes ou d'une intelligence artificielle, ces créations peuvent s'arracher pour des dizaines de millions de dollars. Un an plus tard, à partir du printemps 2022, la faillite de plusieurs entreprises de cryptomonnaies, dont FTX, fait considérablement chuter les prix dans les NFT.
3. La désillusion
2022 sonne comme l'année du krach des cryptomonnaies. En l'espace de quelques mois, des milliards de dollars se sont volatilisés, plusieurs grandes entreprises du secteur ont dû déposer le bilan et le cours des NFT s’est écroulé. L'utopie des jetons non fongibles va-t-elle survivre à l'effondrement financier ? Si le nombre d'investisseurs s'est considérablement réduit, certains créateurs se réjouissent de l'attention désormais réelle portée à la dimension artistique de leur travail. Après l'éclatement de la bulle et la correction qui s'est ensuivie, le marché de l'art digital a-t-il retrouvé des bases saines ?
Diffusion : dès mercredi 24 janvier 2024 sur arte.tv, YouTube et les chaînes sociales d’ARTE (3 x 20 min)