À travers ce documentaire, Katia Clarens s'attaque à un sujet encore tabou, l'inceste. Elle suit le travail de Christine Douzain, psychiatre spécialisée à La Réunion, et s'intéresse à son nouveau dispositif de sensibilisation : le théâtre comme libération de la parole pour les victimes.
En France, 4 millions de personnes sont concernées par l’inceste, soit 6 % de la population, toutes classes sociales confondues. C'est environ deux enfants par classe. Pourtant, le tabou persiste toujours...
Sur l’île de La Réunion, Christine Douzain, une psychiatre spécialisée depuis vingt ans dans le traitement de victimes d'inceste, a créé un projet de sensibilisation inédit qui utilise le théâtre, afin d'aider les victimes à parler de ce qu'elles ont subi. Il s’appuie sur une pièce intitulée Quelque chose, écrite par Capucine Maillard, elle-même victime d’abus par son père et que nous suivons tout au long du documentaire. La pièce est inspirée de son vécu : une femme en rencontre d'autres lors d'un groupe de parole, mais c'est seulement plus tard, autour d'un verre, que celle-ci se libère.
La mise en scène est réalisée par Andréa Bescon, Molière du seul-en-scène en 2016 pour sa pièce traitant elle aussi d’inceste, Les chatouilles, adaptée au cinéma et largement récompensée.
Le projet imaginé par Christine Douzain est destiné au grand public, mais aussi aux lycéens : dans quatre établissements de l’île, des ateliers de théâtre forum permettent aux jeunes de s’emparer du sujet. Auprès du public et des scolaires, l’objectif est le même : générer une catharsis, en s'appuyant sur la pièce pour stimuler en douceur la remémoration des événements et conduire les victimes à oser s'exprimer. Car il leur faut en moyenne seize ans pour parler de ce qu’elles ont vécu, et il y a souvent prescription lorsqu’elles osent enfin aller porter plainte.
Testé de manière expérimentale en quatre représentations en 2018, le dispositif a montré son efficacité. Une fois le rideau baissé, des victimes présentes dans le public prenaient la parole après vingt ans de silence. Des moments d’une intensité rare.
La pièce a également été jouée en prison devant des auteurs d’inceste afin de prévenir la récidive, amenant certains d'entre eux à implorer le pardon. Dans les lycées, le travail a quant à lui permis de détecter quatre adolescents en danger, qui ont été pris en charge par Christine Douzain.
Catharsis, dire l'inceste, un documentaire empli d'empathie qui nous invite à suivre et à comprendre le parcours des victimes d'inceste, de la résilience à leur reconstruction psychologique.
france.tv
Diffusion : À voir jeudi 28 octobre à 18h00 sur La1ere.fr, l'offre numérique Outre-mer de France Télévisions, et sur France 3 à 00h20 dans la case La ligne bleue Outre-mer.