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ActuMédias Outre-Mer

ActuMédias Outre-Mer traite de l'actualité ultramarine des télécoms, des médias audiovisuels et du numérique.

Vers la fin de l'A1 Guadeloupe ?

Publié le 15 Avril 2010 par GdX in TV (Multi-plateforme)

À l'issue d'une réunion entre José Gaddarkhan, le PDG, de la télé locale et du défunt ACG, et des salariés, hier après-midi, le propriétaire a déclaré qu'il avait décidé de déposer le bilan. Une rencontre avec l'administrateur judiciaire est prévue aujourd'hui à 15 heures. Il sera décidé du sort de la télé locale qui a rayonné dans les années 1995-2005 dans le paysage audiovisuel guadeloupéen.

Créée en 1995, la Une Guadeloupe était à bout de souffle dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

Depuis plus d'un mois, la Une Guadeloupe présente un écran noir. Excédée par des conditions de travail déplorables et un retard de salaires de deux mois, la douzaine de salariés, affiliés UTT/UGTG, étaient en grève depuis 43 jours. Comment cette petite télé locale née en 1995 et aux débuts prometteurs a-t-elle pu connaître un tel destin ?

À ses débuts, la Une Guadeloupe TCI (télévision Caraïbes internationale), c'était quarante personnes, une grande équipe composée de journalistes, cadreurs, monteurs, producteurs, diffuseurs, commerciaux etc. « C'était une vraie télé, confie Max Ténin, responsable d'exploitation à la Une Guadeloupe. L'objectif était, au départ, de faire une télé régionale, Guadeloupe, Martinique, Guyane. Mais aucun accord n'a jamais été trouvé et chacun est resté de son côté. Ceci a d'ailleurs pesé sur l'exploitation car on voulait surtout mutualiser les coûts pour faire des économies d'échelle » . Malgré tout, les cinq premières années se déroulent plutôt bien. La Une Guadeloupe propose 60% de programmes nationaux rachetés à TF1 et M6 et 40% de productions locales (économie, sport, culture, tourisme, politique etc.). «C'était la belle époque de la Une, on faisait beaucoup de magazines sportifs et le public aimait ça. On faisait de l'ombre à RFO » , se souvient Patrice Bourguignon, cameraman.

Du matériel obsolète

Cinq ans plus tard, en 2000, les choses se compliquent. Alors que Canal Satellite explose en Guadeloupe, la Une perd de l'audience, donc des recettes publicitaires. Une première vague de licenciement est nécessaire « pour dégraisser une masse salariale trop importante » . Douze personnes, salariées de la rédaction et de la production, quittent l'antenne. Mais au lieu de s'améliorer, la situation se détériore encore. Les productions locales s'éteignent progressivement entre 2004 et 2005, faute de moyens. Les directions se succèdent, les rédacteurs en chef aussi. Fin 2006 début 2007, une nouvelle vague de licenciements prive la Une de huit de ses salariés. Les chiffres ne sont pas bons. En 2003, le chiffre d'affaires était de près de 2,5 millions d'euros, la télé faisait des bénéfices. En 2006, le CA chute de plus de 50% et tombe à un million d'euros. Les dettes s'élèvent à 1,8 million d'euros. Des projets d'investissement en matériel, d'amélioration du fonctionnement de la régie publicitaire, entre autres, sont proposés pour relancer la machine. « Un émetteur au prix de 38 000 euros a été acheté en 2006, puis du matériel neuf pour la diffusion numérique à hauteur de 290 000 euros en 2009, » poursuit Max Ténin. Sauf que c'est déjà trop tard...

« C'est dommage d'en être arrivé là. C'est vrai que le contexte n'est pas facile, mais la Une n'a pas su s'adapter. Nous sommes restés des années avec du matériel obsolète pour faire face à la concurrence. Malgré plusieurs rapports et des débrayages, il n'y avait jamais de suite. Les directeurs qui se sont succédé ne pouvaient pas agir. Certains projets traînaient donc en longueur. »


Source : France-Antilles (Guadeloupe)
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