La trilogie hongkongaise « Infernal Affairs » est à (re)découvrir sur ARTE !

Il y a vingt ans, Andrew Lau et Alan Mak révolutionnaient le polar hongkongais avec Infernal Affairs. Une trilogie culte à (re)découvrir à l'antenne (opus 1) et sur arte.tv (opus 1, 2 et 3). Un flic infiltré chez les mafieux est confronté à son double. Entre le faux policier et le vrai gangster, ce thriller étourdissant a inspiré Les Infiltrés à Martin Scorsese.

Dans l'opus 1
Sous la tutelle directe du chef de la police Wong, Yan a réussi à s'infiltrer dans le milieu des triades de Hongkong. Ming, lui, est un gangster opérant dans la police, sous les ordres de Sam, le parrain des parrains. L'un comme l'autre, ils voudraient en finir avec ce terrifiant double jeu. Un étourdissant duel du chat et de la souris s'installe entre les deux hommes, quand ils découvrent, chacun de leur côté, l'existence d'une taupe ennemie dans leur camp respectif…

Dans l'opus 2
Hongkong, 1991. Le jeune policier Chan vient tout juste d'infiltrer les triades sous l'œil du superintendant Wong. Le mafieux Lau, lui, décroche un poste à la police à la demande de Sam. Toujours second couteau, il répond aux ordres de l'inflexible parrain de la mafia, Kwun. Quand celui-ci est assassiné, c'est son fils Hau qui prend les commandes. Or Chan n'est autre que le demi-frère de Hau, ce qui complique inexorablement son double jeu. Ils vont pourtant se livrer à une lutte contre un ennemi commun, en la personne d'un chef de gang rival.

Dans l'opus 3
Absents du deuxième opus, qui se focalisait sur la jeunesse de leurs personnages, Tony Leung Chiu-wai et Andy Lau, stars incontournables de la trilogie, sont de retour pour ce finale tortueux qui fait brillamment s'entrecroiser deux temporalités.
Dix mois après le meurtre de Chan, Lau est relégué à un poste administratif le temps qu'une enquête soit menée. Une fois réintégré aux affaires internes, il cherche à débusquer les taupes que Sam a infiltrées dans la police. Yeung, qui travaille à la sûreté, semble avoir été très proche du mafieux avant sa mort, ce qui éveille les soupçons de Lau. En parallèle de cette intrigue, le récit nous transporte quelques mois avant la mort de Chan, au moment où Sam tente de conclure un deal important, toujours en la présence du mystérieux Yeung.

Assis sur un déroulé chronologique, les deux premiers volets des Infernal Affairs jouaient – tant dans le montage nerveux que dans la photographie aux lueurs bleutées – sur la tension grandissante entre Chan et Lau, à mesure que l'étau se resserre autour de leur double identité clandestine. L'opus final opère, lui, un tournant délicat quant à la forme du récit qui, en plus d’un rythme extrêmement soutenu, fait se croiser et se répondre deux périodes qui encadrent les événements du premier film : l’été 2002 et l’automne 2003. Ce regard fragmenté sur une année pivot de la vie des personnages donne au sutra bouddhiste "Le pire des enfers est l'enfer permanent", énoncé en préambule de chacun des films de la trilogie, sa pleine densité, et convoque chez Chan et Lau une palette d'émotions contradictoires. Le premier (porté par la mélancolie de Tony Leung Chiu-wai), éternellement travaillé par sa volonté de rejoindre la police sous sa véritable identité, se voit peu à peu dévorer par la violence des triades. Lau, de son côté, se trouve sclérosé dans son incapacité à faire le bien, comme condamné à une impossible rédemption. Ce troisième volet offre ainsi sa ténébreuse résolution au conte moral qu'Andrew Lau et Alan Mak ont minutieusement déroulé sur une décennie, dépoussiérant au passage – à l’instar de leurs contemporains Wong Kar-wai et Fruit Chan – le cinéma hongkongais.

ARTE

Diffusion : Sur ARTE lundi 5 février à 22h40 et sur arte.tv du 5 février au 4 mai 2024.