Depuis un mois, les journaux locaux de RFO Wallis ne sont plus diffusés par satellite. A l’origine de cette mesure : un conflit entre une partie des
salariés, leur direction et France Télévisions.
Le premier soir, la communauté n’a pas fait attention. Une panne, sûrement. Le lendemain à 18 heures, toujours pas de journal sur le canal 15 du satellite, celui de Télé Wallis-et-Futuna, la
chaîne RFO de Mata Utu. Bizarre. Les téléphones ont commencé à fonctionner, et l’information à transpirer. « Vous pensez bien que ce journal est important pour nous, explique Aloisio Sako,
patron du Rassemblement démocratique océanien (RDO). Même si nous sommes citoyens calédoniens, le journal nous donne des nouvelles du Fenua, ça nous console un peu de la nostalgie. On a cherché à
savoir, puis on a su ce qui se passait là-bas, mais pas dans le détail. »
En fait, ce n’était pas une panne, mais une décision de France Télévisions. Depuis le 19 novembre, le journal de Wallis n’est plus retransmis hors de l’archipel. L’émission existe toujours, mais
n’est diffusée que par voie herzienne, sur place.
Pourquoi cette décision brutale ? « Des salariés interdisent physiquement l’accès d’une partie de l’encadrement à leur bureau ou à la station. Par conséquent, France Télévisions a décidé que,
dans ces conditions, il n’y aurait pas de diffusion extérieure du journal, tant que celui-ci ne pourra pas être validé éditorialement », signifie François Gascoin, responsable technique et
directeur par intérim de RFO Nouvelle-Calédonie. Arrivés il y a seulement quelques mois, les nouveaux cadres, parmi lesquels le rédacteur en chef Patrick Caillet, ont été déclarés persona non
grata sur leur lieu de travail. Les journalistes et les techniciens ne se sont pas mis en grève mais ont, en quelque sorte, pris leur indépendance par rapport à la hiérarchie. « Un problème
interne », dit simplement une journaliste sur place. Si des difficultés relationnelles semblent être à l’origine du clash, la tension qui existe dans l’entreprise est plus ancienne, et plus
profonde. En début d’année, deux rédacteurs en chef avaient déjà quitté la station « pour raisons personnelles », sous la pression d’une partie de leurs subordonnés.
« Des salariés interdisent à une partie de l’encadrement l’accès à leur bureau »
Le problème de fond, c’est que France Télévision a décidé de réduire les frais de l’antenne wallisienne, cette année, juste après l’intégration de RFO dans le groupe audiovisuel public.
C’est que RFO Wallis coûte cher, avec ses 60 salariés indexés à +105 %, le taux le plus élevé de l’outre-mer français, pour seulement 14 000 habitants. Chaque année, la station coûte 720 millions
de francs, soit 51 000 francs par téléspectateur potentiel.
France Télévisions a donc proposé une nouvelle convention collective aux salariés. Moins avantageuse, elle a été refusée et a attisé les oppositions.
Depuis le début du conflit, fin novembre, deux missions de conciliation sont arrivées de Paris… Avant de repartir, sans avoir obtenu d’avancée. Une troisième devrait faire le déplacement, au
cours des prochaines semaines. En attendant, les Wallisiens et Futuniens de Calédonie sont privés de nouvelles fraîches de la mère patrie.
Source : lnc