Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ActuMédias Outre-Mer

ActuMédias Outre-Mer traite de l'actualité ultramarine des télécoms, des médias audiovisuels et du numérique.

« On va augmenter de 25 % la production locale pendant l’année 2011 » Claude Esclatine

Publié le 28 Novembre 2010 par GdX in Service Public

Claude Esclatine a été nommé le 1er septembre directeur général du pôle qui regroupe les chaînes du réseau Outre-mer 1re, anciennement RFO et France Ô. Avec l’arrivée des cinq chaînes de France TV (avec Arte et France 24) sur la TNT, le paysage audiovisuel dans les outre-mers va être profondément modifié.

Quelle va être la nouvelle ligne éditoriale de France Ô ?

On travaille au repositionnement de chacune des cinq chaînes du groupe, indépendamment et en complément des chaînes du réseau Outre-mer 1re. Concernant France Ô, la stratégie du groupe est de conquérir de nouveaux territoires d’audience où nous sommes insuffisamment présents, voir pas présents du tout. On considère que France 4, marginalement France 5, mais surtout France Ô, la dernière née, ont un positionnement fondamental à jouer en direction du grand public en général, en évitant toute forme de sectorisation (si j’étais excessif, de ghettoïsation), vers un public ouvert à une logique des cultures du monde, des identités du monde, de toutes les pratiques que nous pouvons avoir dans les différentes communautés qui constituent le tissu national. En conséquence, France Ô ne sera pas une chaîne alibi de la difficulté de coexistence des communautés présentes sur le territoire national, hexagonal et ultra-marin. France Ô ne sera pas une chaîne exclusivement de la diversité car je ne sais pas ce que regroupe le mot de la diversité et France Ô ne sera pas non plus une chaîne uniquement de l’Outre-mer. Ne faire une chaîne que de l’Outre-mer, qui ne parle qu’aux communautés ultra-marines en métropole serait une forme de repli sur soi-même. On ne parle pas des identités à des identitaires ; on ne parle pas aux Français que des Français. Il faut les ouvrir sur l’ensemble du monde et je pense qu’il faut intéresser l’ensemble de la communauté nationale, l’ensemble du public quel qu’il soit, aux problématiques nées des identités des outre-mers. Nous sommes présents dans neuf territoires sur tous les continents, certes d’une manière modeste en termes de superficie mais de manière forte en termes d’identité. Donc on a à parler de ces identités, mais au-delà des identités des zones dans lesquelles nous intervenons, et plus généralement des zones du monde qui se retrouvent en écho sur le territoire national français. France Ô ne sera pas qu’une chaîne de l’outre-mer. On va modifier (on y réfléchit pour le 1er trimestre de l’année 2011) la grille et le positionnement de France Ô pour être en concordance dans le reste de la stratégie du groupe France Télévisions.

Ca veut dire qu’on ne verra plus, par exemple, les journaux télévisés d’outre-mer sur France Ô ?

Non, c’est excessif de dire cela dans l’autre sens. On aura encore de l’information en provenance de l’outre-mer mais on réfléchit sur la forme que ça présentera. Aujourd’hui, la grille de France Ô qui reprend quatre fois par jour chacun des neuf JT d’outre-mer, ça me semble excessif. On peut tout à fait traiter de manière plus ouverte des journaux qui sont tout à fait captables et diffusables sur Internet. Ca nous oblige à réfléchir sur la nouvelle forme que l’information en provenance de l’outre-mer peut avoir sur France Ô. Elle existera toujours mais elle peut évoluer dans sa forme. La tendance générale est de s’ouvrir sur les cultures du monde, les cultures urbaines, de telle manière à intéresser les publics plus jeunes, de la tranche 15 à 35 ans. Il faut intéresser les Français de souche, les Français de 2e et 3e génération, essentiels dans cette tranche d'âge, à la pratique vivre ensemble, qui est une expression certes un peu générique, mais qui peut avoir de multiples formes télévisuelles. Et ça, c’est une vraie réflexion sur la ligne éditoriale. Alors la ligne éditoriale, je ne suis pas en mesure de vous la donner aujourd’hui de manière claire, mais elle le sera en début d’année.

France Ô aura-t-elle pour cela plus de moyens ?

Le groupe France Télévisions a consenti de gros efforts d’une part sur le réseau des télévisions Première, mais aussi pour France Ô dans le cadre de son passage à la TNT nationale. Il y a augmentation de moyens financiers de production, d’acquisition de contenus qui me semble pour l’année 2011 tout à fait satisfaisant et comme on dispose à Malakoff de beaucoup de compétences, en les réadaptant à cette organisation, je suis extrêmement confiant pour l’année qui vient.

En outre-mer comment les ex-télépays vont-elles pouvoir devenir des chaînes de plein exercice ?

Depuis fin septembre, on a passé le cap pour donner à ces chaînes les moyens d’être des chaînes de plein exercice. Ca veut dire que les neuf chaînes d’outre-mer ont déjà une grille 24/24 totalement indépendante les unes des autres. C’est donc un changement historique dans le comportement et le fonctionnement de ces chaines.

Des moyens supplémentaires leur ont été accordés ?

Sur une période de deux ans et demi, 30 millions d’€ qui correspondent à deux types de dépenses totalement nouvelles : des acquisitions en exclusivité pour les chaînes 1re et une augmentation très sensible de l’offre locale. En interne, nous avons créé une école de la programmation qui a préparé et formé les équipes locales. Ca nécessite un changement de comportement, d’état d’esprit et des méthodes de travail adaptées. Ceci a trouvé son aboutissement au mois d’octobre avec la création de neuf grilles totalement différentes. Ces grilles sont placées sous l’entière responsabilité de chacun des directeurs régionaux et de leur directeur d’antenne. A Paris, nous assurons un rôle de service dorénavant. Nous ne sommes plus des éditeurs de chaînes, mais un prestataire technique, un prestataire d’acquisitions en syndication pour les neuf pays et nous jouons un rôle de coordinateur budgétaire, mais le budget de chaque chaîne est suivi localement et chaque direction régionale dispose d’un budget spécifique et détaillé, en particulier pour la production locale. Cette offre locale sera essentiellement produite par les équipes locales, éventuellement en coproduction. On estime que grosso modo on va augmenter de l’ordre de 25 % la production locale pendant l’année 2011.

Elle était de quel ordre jusqu’à présent ?

En  moyenne, elle représentait un gros tiers, voire 40 % et on va l’augmenter sur des produits très emblématiques : documentaires, magazines d’infos, sportifs et culturels, talk show, captation de spectacles vivants et même création de fictions locales. Il y aura des émissions propres à chaque station, mais aussi des magazines de bassin qui peuvent concerner plusieurs territoires. On en était à 4 200 heures et on va augmenter, en monodiffusion, de plus de 400 heures dès la fin de l’année en offre locale, indépendamment de l’acquisition de programmes.

Quelles sont ces acquisitions ?

On a acquis une quarantaine de documentaires qui concernent l’océan Pacifique avec l’achat de tous les films primés au festival international du film océanien (FIFO). Pour la première fois, on est acheteur de catalogues. On est non seulement promoteurs du FIFO, mais on est là pour faire vivre son catalogue. On développe des logiques de zones en Caraïbe, en Amérique latine avec la Guyane et le Brésil, dans l’océan indien avec Mayotte et la Réunion mais également avec Madagascar, l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Est.

On a souvent reproché à RFO de se contenter de produire des films musicaux ou des captations…

Ce qui était vrai dans le passé peut ne plus l’être dans l’avenir. Mais on ne va pas monter de cinq étages d’un coup ; on va y aller par l’escalier. On ne va pas non plus doubler les effectifs des stations, mais on a obtenu un élément dérogatoire important au sein de France TV, c’est de travailler à effectif constant dans les stations. Il y aura re-répartition des moyens mais il n’y aura pas d’augmentation d’effectifs. Tous les postes laissés vacants jusqu’à présent seront remplacés et c’est une grande victoire pour l’ex-RFO parce que ce n’est pas le cas sur les autres chaînes de France TV.

Le 30 novembre est un aboutissement ?

La bascule dans la TNT n’est pas l’aboutissement mais le point de départ. Jusqu’auparavant Malakoff envoyait ses grilles de programmes aux neuf stations et désormais nous envoyons un catalogue de programmes dans lequel chacune des chaînes vient piocher. Le service de la programmation de Malakoff s’est transformé en une banque de programmes alimentée par des approvisionnements, des achats que nous faisons et par l’ensemble des programmes locaux qui viendront structurer la grille. Techniquement parlant, notre révolution, elle est aujourd’hui.

L’outre-mer aura-t-il sa série récurrente ?

France 3 a Plus belle la vie, France 2 a l’objectif d’avoir sa série. Il n’est pas exclu que France 4 ait la sienne et France Ô, pas forcément. Par contre les télés 1re, oui. La difficulté est que c’est un genre de télévision qui est exigeant, compliqué et cher. On ne le fera pas dans les six mois parce que c’est un processus au long cours.

Vous avez eu des mots durs devant les syndicats de RFO au sujet du directeur de l'antenne de France Ô, Luc Laventure, et de son choix de programmer l'opéra Aïda...

Il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier Bolorré entre Luc et moi, mais je pense que programmer Aïda sur l'antenne de France Ô était une erreur. Ce n'est pas parce qu'Aïda était une esclave noire qu'on doit mettre ce programme à l'antenne... Meme si, personnellement, c'est un opéra que j'aime.

Il y a eu du rififi à la rédaction de Malakoff ; le calme est-il revenu ?

Oui et pour une raison relativement simple, le shéma qui avait été adopté au début de l'année prévoyait un rattachement complexe avec beaucoup de couches, façon omelette norvégienne, avec ce qui était qualifié jusqu'alors par l'information de proximité. J'ai considéré que l'information de proximité avait tendance à nous éloigner d'un fonctionnement correct. J'ai proposé, en accord avec Thierry Thuillier, le directeur des rédactions de France Télévisions, que nous déconnections la rédaction télé de Malakoff de cette information de proximité et de nommer prochainement un patron à la tête de cette rédaction pour lui redonner un fonctionnement nominal. La rédaction me semble apaisée actuellement et il nous faut aboutir dans le processus. Nous n'en sommes pas loin avec la nomination d'une équipe d'ici peu de temps qui reprendra ses missions de fourniture de journaux prêt à diffuser pour France Ô, France 3 et peut-être un jour pour France 2 ou d'autres, et puis cette interface fondamentale qui existe entre les stations et la métropole, non seulement entre la métropole en tant que lieu d'informations et les stations qui n'ont pas toujours les moyens d'y venir, mais également pour fournir les chaînes nationales en informations à la fois sur le contexte général, mais aussi, en éléments positifs autres que les troubles, les cyclones et les volcans en éruption. Ce sont les deux grandes missions.

 FXG (Agence de presse GHM)

Commenter cet article